Témoignage d’Anne

Comme bien des jeunes, j’ai été élevée avec les croyances et les valeurs que mes parents m’ont apprises. Malheureusement, pour un de mes parents, la violence faisait partie de son éducation et n’ayant pas cassé ce moule, mon père nous l’a inculqué à notre tour. J’ai dû quitter le domicile familial pour ne guère trouver mieux. Pendant des années, j’ai goûté l’amertume de ne pas être traitée comme les autres et comme une enfant sans avenir. Avec ces années, la rébellion et la haine se sont accumulées dans mes veines. Je crois que j’ai pris la route dans les stupéfiants et l’alcool pour vivre plus longtemps. J’avais besoin de cette béquille jusqu’à ce que ma béquille ne veuille plus me tenir compagnie en me causant plus d’ennuis que de bonnes choses.

J’ai croisé La Dauphine dans ma quête à savoir qui j’étais, où j’allais, comment allais-je devenir quelqu’un ou est-ce que j’allais devenir quelqu’un? J’ai eu un ami exceptionnel tout au long de mon adolescence, un certain Jonathan qui m’a soutenue, guidée et aimée comme un grand frère. Vers l’âge de 17 ans, je me suis prise en main avec l’aide d’un travailleur de rue qui venait me voir aux deux jours ainsi qu’avec l’aide des intervenants de La Dauphine qui ne m’ont pas lâchée. Ils m’ont soutenue comme une famille, j’ai pu m’en sortir et changer de mentalité. Ils m’ont fait voir que je méritais de vivre, d’être aimée et heureuse comme bien d’autres gens.

À mes 18 ans, j’avais mon appartement et j’étais inscrite à l’École de la Rue pour obtenir mon diplôme d’études secondaires. Je suis tombée enceinte d’un beau grand garçon et le programme Babyboom est entré dans ma vie. On ne vient pas au monde avec un guide pour nous aider à devenir parents et malheureusement, une mère de 18 ans n’a pas la même expérience qu’une mère de 28 ans. La Dauphine m’a aidée à trouver nourriture, vêtements et couches. Elle m’a aussi permis de faire des activités avec d’autres parents et ainsi, partager nos expériences en tant que parents. Elle m’a permis d’obtenir mon diplôme d’études secondaires, de revenir sur le marché du travail pour finalement retourner aux études, mais cette fois-ci au CÉGEP. Je me demande souvent si je n’avais pas eu l’aide et le soutien de La Dauphine pour l’école, la nourriture, baby-boom, pour me donner des conseils, m’écouter, m’entendre, me raisonner et m’accompagner, que serais-je devenue?

Ma famille croit que je serais à la morgue ou bien je serais devenue « légume ». Elle n’avait plus d’espoir en moi tandis que La Dauphine en avait encore. Cela m’a permis de tenir le coup, d’avancer et de défoncer les barrières que je m’étais mises. Aujourd’hui, combien de jeunes se retrouveront dans mon témoignage assez court, mais précis? Je crois que l’aide apportée à de jeunes parents devrait être encore plus accessible pour un taux de réussite encore plus remarquable.

Anne